À la base de toute quête spirituelle, on trouve généralement un désir de changement. Que l’on aspire à la paix intérieure, à être simplement soi, ou à l’illumination, cela réclame, à priori, un changement d’attitude, de pratiques. Et ce désir là, cette volonté personnelle va très rapidement heurter de plein fouet la nécessité de lâcher toute volonté personnelle pour se rencontrer tel que l’on est, sans définition, sans pensée, sans croyance sur ce qui est bon ou mauvais, sur le bien ou le mal. Oser être soi, c’est renoncer à être quelqu’un. C’est donc aussi renoncer à vouloir être éveillé, renoncer à vouloir la paix intérieure ?
Mais comment peut-on vouloir ne pas vouloir ?
J’adore ce paradoxe ! Il est porteur d’un message subtile qui fait littéralement « sauter » le mental comme on fait sauter le coffre d’une banque, dès lors que ce message est vu. Ne cherchez pas à en comprendre le sens avec votre mental, il en ferait immédiatement un concept et un nouveau but à atteindre. Inspirez profondément, sentez le contact de vos fesses sur la chaise, de vos pieds sur le sol, respirez normalement et laissez simplement infuser en vous ce paradoxe : « vouloir… ne pas vouloir »
Le silence est d’or
Demeurez ainsi dans le silence, dans la plénitude de cet instant, juste pour voir ce qu’il se passe. Vouloir, ne pas vouloir. En même temps. Tout est vrai, et tout est entièrement faux, en même temps. Voyez ce qu’il se passe pour vous.
Peut-être allez-vous ressentir une irritation, de la colère, une gêne physique, de la tristesse ou de la peur, peut-être êtes-vous soudain habité par une sensation de vide total. Dans tous les cas, où cela se passe-t-il dans votre corps ? Quel est votre ressenti physique ? Contactez cela, sans chercher à expliquer, comprendre ou changer quoique ce soit. Laissez vos sensations être comme elles sont, ne cherchez pas à soulager ou changer ce ressenti, constatez simplement ce qui est : est-ce que l’intensité augmente ou baisse, est-ce que les sensations évoluent ou se modifient, se déplacent ?
Vous sentirez de vous-même quand l’exercice sera terminé. Il y a des chances que durant quelques secondes ou minutes, vous ayez été totalement l’instant présent. Plus de notion de temps ou d’espace, plus l’impression d’être quelqu’un, mais plutôt un espace où tout se passe. Est-ce le cas pour vous ?
J’aime bien ce petit exercice. « Vouloir… ne pas vouloir », cela ne veut rien dire pour le mental. Il ne peut rien penser de cela. Et dans le laps de temps où il lâche le contrôle, vous pouvez ressentir toute la vulnérabilité que vous êtes, toute l’incertitude de l’instant.
Changer
Le vrai changement n’a rien à voir avec un vouloir faire ou un vouloir être, mais avec l’abandon. S’abandonner à la vie est une décision qui part de notre volonté personnelle, mais concrètement, il s’agit d’un renoncement à la lutte et une confiance en la vie elle-même. Car la vie est ce que nous-sommes. La vie est un élan qui nous porte.