Se jeter à l’eau

Se jeter à l’eau

Se jeter à l’eau 940 360 Christophe LE BEC

Qui n’a pas un jour renoncé à aborder quelqu’un, que ce soit une femme ou un homme qui lui plaît, un artiste à qui on aurait aimé demander un autographe, un employeur que l’on n’a pas osé solliciter pour un emploi très attirant, mais un peu au-de là de ce que permet votre CV actuel. Il suffirait de se jeter à l’eau, là, maintenant. Oui, mais voilà, quelque chose en vous se bloque, s’enlise, se noie et disparaît. C’est un peu comme si vous étiez à côté de vous-même, invisible, ou pas assez fort pour qu’un son intelligible sorte de votre gorge. La chance est passée, le garçon ou la fille a disparu. Trop tard et on s’en veut. On se sent nul.

Je suis certain que cette situation rappelle des souvenirs douloureux à beaucoup d’entre vous. Tout le monde en fait. Mais pour certains, cela se répète en permanence. Ils sont incapable d’oser aller vers les autres, de dire ce qu’ils ressentent, de peur d’être rejeté, jugé ou abandonné. La souffrance ressentie serait tellement insupportable qu’ils ont l’impression qu’ils en mouraient sur le champ, qu’ils exploseraient littéralement sur place. J’ai longtemps vécu cet enfer où il n’y a plus que la solitude et une profonde tristesse, une vraie désespérance qui peuple votre univers quotidien.

Le refus de la vie

Dans le travail, avec les gens que je fréquentais, les filles que je rêvais d’aborder (en rêve), j’aurais voulu être spontané, oser dire tout ce que j’avais échafauder dans ma tête par avance. Dans mes rêves tout se passait toujours merveilleusement, j’étais à l’aise, drôle, séduisant, mais une fois dans la vraie vie, que ce soit au cours d’une soirée ou pour simplement demander mon chemin, il n’y avait plus personne. Je constatais que mon corps était là, pétrifié sur place, pendant que là haut dans les brumes de mon cerveau, ça turbinait en boucle au niveau des pensées. J’analysais chaque geste des autres, chaque sourire, chaque inclinaison de la tête. Je tentais de décoder ce que cela recelait de sens cachés, et jamais je ne parvenais à libérer les chevaux, à me jeter à l’eau. Jusqu’à 37 ans, j’ai vécu en célibataire ! Je me sentais incapable d’être un homme. Incapable de faire comme les autres, si bien que j’avais la sensation d’être séparé des autres et de mon corps, comme un extra-terrestre déguisé en humain qui passerait son temps à faire semblant d’être comme les autres, à les imiter tant bien que mal en espérant que quelqu’un, si possible une femme jolie et célibataire, me remarquerait et me sauverait.
Aujourd’hui, je m’aperçois à quel point je vivais dans ma tête, à quel point je voulais absolument tout contrôler, tout maîtriser par peur que les autres ne me blessent et que je ne m’en relève pas. Je vivais dans ma tête, coupé de mon corps (je n’avais pas de corps !). Je scannais chaque personne, chaque situation à la vitesse de l’éclair. Et si par hasard, vous vous retrouviez dans la case « femme jolie, donc BIG danger ! » dans la tour de contrôle, c’était la panique à bord ! Pourquoi ? Parce que je ne savais pas ce qui allait se passer. Vous alliez avoir du pouvoir sur ma vie (pouvoir de vie ou de mort), sur mes sentiments, mon état psychologique et j’étais tétanisé. Je ne me rendais pas compte alors que la peur de l’autre n’était en réalité que la peur de soi. J’avais peur de me rencontrer face à l’autre. En réalité, j’étais un inconnu ! Cela paraît fou. J’avais simplement la certitude d’être beaucoup trop fragile, trop incapable pour survivre. Bref, je refusais la vie.

La vie, c’est le mouvement

Heureusement, nous ne sommes pas figés dans un état, une identité. En réalité, nous sommes à chaque seconde différent, nous nous réinventons en permanence pour peu que l’on change nos croyances ou mieux, qu’on s’en libère. Nous sommes toujours la vie qui se vit, et si nous ne rajoutons rien par-dessus, aucune interprétation, aucune histoire, alors nous pouvons goûter pleinement la joie d’être simplement vivant, ici et maintenant, là où tout se passe. Une première remarque, nous sommes exactement là où nous avons décidé d’être ! Eh oui. Ce que tu vis ici, c’est l’incarnation de ce que tu crois profondément. Nous vivons tous dans le monde de nos projections. Tu te vis, comme tu te vois. Ce que tu perçois chez les autres, ce sont tes propres idées que tu projettes sur eux.

Cher lecteur, si toi aussi, tu vis cette impossibilité à rencontrer l’autre (et à te rencontrer dans l’autre), je t’invite à oublier tout ce que tu crois savoir sur toi, sur les autres, ton histoire. Tu es parfait tel que tu es maintenant. Lorsque je dis cela, c’est vrai pour toi, pour moi, c’est vrai pour tous les êtres humains. Nous sommes tous absolument géniaux, capables de faire des choses incroyables, d’être créatifs, drôles, d’inventer des objets ou simplement de savoir bricoler une machine à laver.
Ce qui cloche, c’est uniquement ce que tu penses de toi. Ce qui te fait souffrir tient uniquement à ces jugements auxquels tu adhères : « Je suis inintéressant », « je suis trop timide, trop transparent, je n’ai pas de personnalité, etc ». Je te laisse le soin de modifier ou de compléter la liste. Nous ne sommes pas nos croyances. Je ne vais pas ici récrire ce que j’ai déjà mentionné dans des articles plus anciens, je t’invite à cliquer sur les liens hypertexts en gris qui jalonnent ce texte ou aller picorer dans les articles au hasard sur ce site.

Le point de départ, l’honnêteté

Toi qui a peur d’être blessé et envahi par l’autre, es-tu quelqu’un de sincère, authentique et honnête ? Laisse-toi pénétrer par le silence avant de répondre intérieurement…
Puis repose-toi la question. Lorsque tu te trouves face à un garçon, une fille qui te plaît, ou une personne avec qui tu voudrais lier connaissance, es-tu réellement authentique ? Avec toi ? Et avec cette personne ?
Je ne sais pas quelle sera ta réponse, aussi je vais te dire comment cela était pour moi, dans de telles circonstances. Non, je n’étais pas honnête et authentique, ni avec moi, ni avec les autres. Je pensais qu’il fallait que je sois d’une certaine manière pour être aimé, et je constatais que je n’y arrivais pas. Si bien qu’au final, ne parvenant pas à être celui que je voulais être, je me retrouvais prisonnier dans ma tête, interdit, balbutiant, en me sentant ridicule.

Tous autant que nous sommes, nous avons oublié qui nous sommes vraiment pour nous comporter selon les diktats de la société, de nos parents, de nos amis. Celui ou celle qui blablate en société est un faux Moi, une fausse identité, un acteur qui joue un rôle social dans l’espoir d’être accepté et aimé.
Je t’invite à te reconnecter à la petite fille que tu étais avant que tu ne prennes conscience du monde autour de toi, des bonnes et des mauvaises manières de se comporter. Lorsque l’on a deux ans et demi, on ne se demande pas si la manière de se comporter est la bonne. Lorsqu’on ne veut pas aller à la sieste, on hurle, lorsqu’on veut jouer avec un autre enfant de son âge, et bien on y va. Si on pète dans la salle d’attente du médecin, on pète. On ne rougit pas, on ne tente pas de regarder son voisin d’un air circonspect histoire de porter la faute sur lui. On n’est pas un nom, on n’est pas un garçon ou une fille, on n’est pas belle ou moche, on est ce qu’il se passe maintenant. On oublie qui on est lorsque l’on est occupé ou avec quelqu’un.

Renoncer à être quelqu’un : la liberté d’être dans l’instant

Et si tu oubliais d’être quelqu’un pour voir ce qu’il se passerait ? Si tu oubliais d’être qui tu crois être, penses-tu qu’il serait possible que tu exprimes simplement ce que tu ressens, comme par exemple dire à un garçon ou une fille que tu aimerais le ou la revoir (sans rien rajouter du genre, « mais que va-t-il penser ? », « je vais être ridicule », je bafouille, je suis nulle », etc.) ? Oublie les stratégies, sois simplement ici et maintenant et ose être ce qui se passe dans l’instant. Tu as peur ? Très bien, ne la refuse pas, ne te pose aucune question sur ce que tu vas dire, comment tu vas le dire ou comment il ou elle va réagir. Parle, maintenant, comme tu es. Sans réfléchir. Celui qui réfléchit n’est pas réellement toi, c’est juste le comédien qui veut être parfait. Mais parfait, tu l’es. Tu ne peux pas être autrement que parfait dès lors que tu oses simplement être toi !

Ose être hésitant, ose être rougissant, ose ne pas parler assez fort, ose être un peu en retrait, ose dire juste ce que tu ressens. Le plus maladroitement si c’est ainsi que cela vient. Ce sera juste parfait.

C’est chouette non. Cela te parait compliqué ? Je te rassure, c’est la simplicité même. Oser être soi, c’est renoncer à être quelqu’un. C’est simplement vivre comme ça vient.

Ainsi, lorsque j’écris ce texte, je me fiche de savoir ce que mes lecteurs vont penser. Ce n’est pas mon problème. Mon envie était d’écrire sur ce sujet qui a été central dans la première partie de ma vie. Je suis certain que pas mal de gens s’y retrouveront. Le reste, le chemin que fera ou ne fera pas ce texte dans l’esprit de ceux qui le liront ne me regarde pas. Je joue ma partition, sans peur d’être impudique, sans crainte d’être jugé, rangé dans une case. Il n’est pas si compliqué d’être sincère et honnête avec soi. On se sent très vulnérable lorsqu’on se livre, mais au final, cet état de vulnérabilité que je fuyais plus que tout il y a quelques années m’apparaît aujourd’hui comme très agréable à vivre. Simplement, je vis. Je ne me pose aucune question lorsque je vis/j’écris.

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  • Bien dit
    A réfléchir
    Je ne sais plus où j’en suis, ni qui suis-je ?

    • Christophe LE BEC – THÉRAPEUTE – PONT-L’ABBÉ (29) août 18, 2018 à 7:09 am

      A réfléchir : pas trop, ne cherchez pas spécialement à comprendre, mais laissez vous imprégner.

      Je ne sais plus où j’en suis : c’est parfait ainsi. C’est très désagréable, mais c’est la réalité de ce que nous sommes. La vulnérabilité est notre état initial. C’est un état où tout est possible et où nous le ressentons ainsi.

      Je ne sais pas qui je suis : parfait encore. Celui que nous croyons être est en fait notre mental. Celui qui a une histoire, qui vit entre le passé et le futur, tiraillé entre le bien et le mal, les jugements, les croyances

  • Christophe LE BEC – THÉRAPEUTE – PONT-L’ABBÉ (29) août 18, 2018 à 7:11 am

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