Quand le personnage veut s’éveiller

Quand le personnage veut s’éveiller

Quand le personnage veut s’éveiller 150 150 Christophe LE BEC

La seule chose qui m’importe, que ce soit avec moi-même, quand j’accueille une part souffrante en moi, ou lorsque je reçois une personne en recherche lors d’une séance, c’est que la rencontre ait lieu, que la personne se rencontre dans sa globalité, telle qu’elle est ici et maintenant, au-delà de tout concept, de toute idée sur ce qui devrait être ou ne pas être.

Au départ de toute recherche, il y a généralement une forme de mal être (qui peut prendre la forme d’une tristesse, d’une angoisse, d’une colère ou d’une peur) et une intuition, celle que nous ne sommes pas totalement nous-même dans la vie de tous les jours. Tout au fond de nous, nous savons.

Cette recherche d’un mieux être, est d’abord une recherche mentale. Et c’est juste parfait ainsi. On lit souvent ici ou là que le mental doit disparaître, mais il n’en est rien dans mon expérience. Le mental est notre allié. Apprenez simplement à l’écouter…

Mais qu’appelle-t-on le mental ?

Le mental est un outil. Son rôle est de nous aider dans la prise de décision, ou la mise en place de solutions pratiques au quotidien : prendre un rendez-vous chez le dentiste, organiser un voyage, etc. De quoi est-il fait ? Le mental est constitué de vieilles mémoires stockées depuis notre plus tendre enfance dans notre cerveau. Toute expérience de notre vie est ainsi scannée à travers le filtre de cette mémoire, puis étiquetée, classifiée. Cela pour nous éviter de rencontrer des problèmes. C’est ce mental réactif qui nous pilote pour correspondre aux attentes de notre entourage et nous soumettre à leurs jugements. Nos actions, les autres, nos pensées sont donc interprétées à la lumière de nos jugements et croyances. En grandissant nous nous sommes totalement identifié au personnage mental que nous avons appris à être en société.

Avez-vous remarqué comme nous avons la fâcheuse tendance à revivre toujours les mêmes problématiques, à rencontrer le même profil de personne : conjoint(e), patrons, ami(e)s, etc. ? Vient un temps où nous ressentons le besoin d’y voir clair, de sortir des schémas répétitifs. Ce besoin vient des profondeurs, mais il est d’abord immédiatement repris par le mental. Ce dernier va tenter de s’améliorer, de progresser. Il va chercher des solutions et nous allons, comme à l’accoutumer, y obéir. Mais cela ne marche jamais totalement. En réalité, le mental cherche à s’améliorer, mais sans rien changer à nos croyances et à nos jugements.

Parfois je rencontre des personnes qui viennent me voir, leur corps est contracté (mâchoires, épaules, mains, sphincters) et leur mental est tellement puissant qu’elles sont incapables de percevoir que derrière l’éveil qu’elles ont parfois l’impression de vivre ou d’entrevoir, il y a encore leur mental. Un mental tout puissant qui règne en maître absolu et qui les empêche de voir qu’elles sont déjà l’Amour, la joie qu’elles recherchent tant.
Le personnage « Moi je » est prompt à récupérer tous les concepts, y compris celui de l’éveil qui consiste pourtant à placer la conscience comme le Soi véritable et à renvoyer le personnage à un statut de faux moi, de fausse identité. Le personnage a tôt fait de se prendre pour la conscience. Il se mue en fausse conscience d’être. Et il fait cela tellement bien qu’il croît qu’il est la conscience, exactement comme il croît être vous.

Lâcher l’idée de contrôle

Pour entrer en contact avec notre nature véritable, il n’y a rien à faire, rien à changer, juste à lâcher toute idée de contrôle sur la vie, sur le cours des choses. Il ne peut y avoir d’ouverture profonde et authentique à ce que l’on est sans lâcher le contrôle du mental. Hors ce lâcher prise ne se décrète pas. Pas la peine d’espérer aller contre le mental, c’est impossible. Et comme vous ne pouvez pas tuer le mental à coup de fourchette ou de tronçonneuse non plus…

Ne luttez pas contre votre mental (qui est une part de vous), mais écoutez-le. A sa manière particulière, il vous renvoie immanquablement à vos blessures d’enfance : rejet, humiliation, trahison, abandon ou injustice. Accueillez totalement ces blessures, vos chères blessures, sans rien rejeter, sans rien vouloir changer à votre ressenti, que ce soit de la peur, de la colère ou de la tristesse. Ne rejetez pas les réactions du mental. Cet accueil se fait dans le silence. Le silence, c’est intrinsèquement ce que vous êtes lorsqu’il n’y a aucune pensée, aucun jugement sur vous ou sur la vie.

Cet accueil inconditionnel est en fait un abandon à la vie que nous sommes, ici et maintenant. C’est une sorte de saut dans le vide qui requiert une totale confiance dans la vie, et donc en vous qui êtes vécu par la vie. Et cette forme de méditation libre, non guidée, est le seul outil nécessaire en réalité.
Pour entrer en contact avec votre profondeur, tournez votre attention non par vers le monde de la forme (les autres, les pensées), mais vers l’intérieur, vers ce qui se passe en vous, votre ressenti physique en premier lieu : localisation des tensions, sensations de chaleur ou de froid, fourmillements, nœud à l’estomac, gorge nouée, respiration superficielle, etc. Puis, des pensées vont émerger. Observez-les, toujours sans jugement, sans rien rejeter. Posez-vous en vous, comme si vous étiez assis sur une petit banc pour vous observer. Si cet accueil est réel, doux, bienveillant pour ce qui vous traverse, sans rejet, alors le mental va petit à petit et tout doucement relâcher son contrôle. Rappelez-vous que son but est de vous protéger de la souffrance, de faire en sorte que vous n’ayez pas à affronter vos peurs d’enfance. Cela peut prendre un peu de temps, car le mental vous a habitué à la méfiance, à la peur, à vous projeter toujours dans le passé et l’avenir, mais jamais à rester tranquille dans l’instant présent.

Revenir ici et maintenant, dans le silence de la vie qui agit…

Ne cherchez pas à vous imposer le silence, comme un préalable. Ce serait encore une démarche mentale. Vouloir le silence, c’est encore penser que vous dirigez votre vie. Le silence va s’installer tout seul, dès lors que vous vous mettez à l’écoute du corps. Pourquoi ? Parce que le corps ne connaît que « Ici et maintenant ». Le corps se vit dans l’instant. Il s’adapte à ce qui vous traverse, que vous couriez pour attraper votre métro ou votre bus, que vous soyez sexuellement excité par un/une partenaire, que vous ayez peur d’un gros chien qui erre seul dans la campagne ou que vous dormiez profondément comme une bûche. « Moi Je », le personnage mental que vous croyez être au quotidien ne dirige rien, ne décide rien. Votre corps vit très bien sans « vous » ! Et il vit et agit dans le silence de l’instant.

Ce que vous êtes, c’est simplement la vie qui se vit.

Christophe LE BEC

Accompagnements individuels - Réflexologie -Access Bars

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