Il s’agit selon moi d’une excellente question à se poser et d’un très bon repère dans l’existence. Puis-je changer d’avis ?
Pourquoi selon moi, le fait de pouvoir changer d’avis a tant d’importance ?
Les points de vue que l’on a dessinent le monde auquel on croit. Indubitablement. Et si on croit mordicus que nos points de vue rendent compte de l’exacte vérité, alors ma réalité devient extrêmement figée et réduite. Ça ne pose pas de problème en soi, il s’agit juste d’un choix de perception. Mais lorsque je choisis de croire en une vérité, je dois juste regarder si cela me rend heureux et si je me sens en paix ou non. On le ressent physiquement. Ou bien je ressens de la tension, du froid, une contraction, une colère, une certaine acidité, ou bien je ressens de la joie, de la chaleur, une sensation d’expansion et de fluidité. Ce que je ressens me montre si je lutte, si je défends une position ou si je reste dans l’ouverture et la tranquillité.
Dès lors que je me crois obligé de défendre quelque chose, je sais que je m’identifie à mes pensées et au monde tel que je le vois. Et je veux que les autres pensent comme moi, voient comme moi. Dans le cas contraire, je perçois leurs positions comme des formes d’agression ou une erreur, et je me mets en devoir de les convaincre de changer d’avis pour qu’ils valident ma réalité. Cette attitude déclenche toujours une souffrance psychologique et des tensions physiques.
On devrait tous pouvoir changer d’avis. On parle juste d’idées que nous avons, pas de la survie de l’espèce humaine, et pourtant, cela m’a longtemps paru très douloureux, voire impossible à faire. À chaque fois que je me raidis sur une position ou que je me sens agressé par quelqu’un, je sais immédiatement que je crois mes pensées, que je crois que le monde que je vois représente la seule réalité possible.
Revenir en soi
Il me semble plus que temps de revenir en soi, de s’asseoir sur le petit banc à l’intérieur de soi pour regarder, comme le dit si bien Betty Quirion. Ce que je crois en dit bien plus sur moi que sur le monde qui m’entoure et sur les autres. Ce que je crois ne parle que de moi. Il s’agit de mes pensées que je vois à l’extérieur, que je projette sur les autres et sur le monde. Regarder ses pensées, vérifier leur véracité comme le fait Byron Katie, ou simplement les accueillir sans jugement, me paraît une excellente idée.