La confrontation avec la mort est la grande expérience de notre vie. Je sais que la mort est une perspective qui effraie nombre d’entre nous. Mourir c’est la fin de tout, la fin du monde, de notre monde. C’est la fin de tout ce que l’on connaît, la fin de l’incarnation, du temps, de la matière, c’est le néant qui nous attend tous.
Nous savons parfaitement que nous allons mourir un jour, et pourtant cela nous semble irréel, presque impossible : « Pas moi ! C’est pas possible ! Pas maintenant ! » Intuitivement, une part en nous ne veut pas croire que la mort est inéluctable. Lorsque c’est un être cher qui s’en va ; après la sidération liée à l’annonce, c’est l’absence, le manque qui s’invite en nous. Le visage, les expressions, la voix, le regard, les souvenirs petit à petit s’effacent et quelque chose en nous refuse obstinément cela. On voudrait les retenir. On voudrait que rien ne meurt jamais. Ni nous, ni les autres.
Pourtant la mort et la vie sont les deux faces d’une même pièce. L’une ne va pas sans l’autre. La mort vient nous dire brutalement que ce qui nous semble être le réel et qui fait toute notre vie ici bas : le corps, notre corps, mais aussi le corps de l’autre, la matière, les paysages, les souvenirs, les idées et le temps, tout ça va disparaître en un instant. Tout ce qui semblait solide, quasi immortel dans nos sensations quotidiennes, va disparaître en une fraction de seconde, et le monde aura disparu. Notre monde. Car il y a autant de mondes que d’individus.
Le monde que voit une mouche est-il le même que nous ? Le monde d’un aveugle, d’un sourd, d’un petit haïtien ou de la reine d’Angleterre ? Ces mondes ne sont que des perceptions. Ces perceptions sont totalement différentes, quelle est la plus réelle ? Aucune. Ce sont des illusions. Nous vivons dans un monde de perceptions sensorielles auxquelles nous donnons un sens en fonction de nos croyances, de notre vécu, de tout un tas de paramètres comme le passé et le futur qui disparaîtront avec notre corps. Et nous appelons cette illusion, la réalité.
Je vous invite à reconsidérer l’idée que l’on se fait de la mort. Qu’est-ce qui a disparu avec la mort ? Et si la mort n’existait pas ? Et si la mort venait nous montrer ce qui est une illusion et ce qui ne l’est pas ?
Seul ce qui persiste est réel
Dis autrement, tout ce qui meurt n’est qu’illusion. Seule la vérité, le vrai, est réel. Et seul ce qui est réel ne meurt jamais.
Je sais que je prends le risque d’être pris pour un fou par certains ou de blesser ceux qui, confrontés à la mort (leur propre mort qui approche ou celle d’un proche) pourraient avoir l’impression que je nie la réalité de la souffrance. Je suis comme tout le monde, et face à ma propre mort ou celle d’un de mes proches, je suis dévasté, exactement comme tout être humain. Comme tout le monde, je vis l’expérience de la dualité. Je vis dans le monde de la forme et je me prends au jeu du monde. Quand je dis que la mort n’existe pas, je veux dire que seul meurt ce qui est « prisonnier » du temps : le corps, les pensées, les histoires, les croyances, la personnalité, ce personnage auquel nous sommes identifiés. Mais l’énergie qui nous anime, ce que nous sommes réellement en amont des idées, l’essence de ce que nous sommes, appelez-cela la Présence ou l’Être, ou l’énergie pure ; bref, ce qui perçoit les pensées quand on tourne notre attention vers l’intérieur de soi ne peut pas mourir. C’est un espace vide, ou plutôt il est plein du rien, cette énergie dans laquelle toutes nos perceptions, toutes nos idées qui font notre monde apparaissent. C’est la conscience. Cette énergie là est impersonnelle, elle est commune à chaque être humain et ne meurt jamais. Ce que nous sommes peut aussi être nommé l’amour ou la vie. Et la vie que nous sommes est un mouvement qui se déploie, une inclinaison à l’expansion que rien ne peut arrêter. Jamais. C’est pour cela que la vie (ou l’Etreté, la conscience, appelez-la comme vous le voulez) est immortelle dès lors qu’on la perçoit comme une énergie !
Ce mouvement, cet élan vital, n’a pas de nom, pas de forme, pas de but ou de fonction. La seule chose qui peut nous couper de cette source, ce sont nos pensées, les injonctions de nos parents, nos conditionnements, nos croyances dès lors que nous leurs donnons notre pouvoir, c’est à dire quand nous les prenons pour solides et vraies.
Voir ce qui n’est pas vrai
Voir ce qui n’est pas vrai, interroger les pensées auxquelles nous croyons, les retourner pour les percevoir sous un angle différent est la meilleure façon de goûter à la présence, à l’Être que nous sommes. Il nous faut débusquer ce qui est faux en nous. Faire ce travail revient à mourir à soi-même. Peut-être percevez-vous comme cette simple phrase, « mourir à soi-même », possède dans sa seule formulation une puissance énorme. Installez-vous un moment dans le silence et laissez cette phrase s’imprégner en vous. « Mourir à soi-même. » Maintenant, pouvez-vous sentir que, même si le sens vous échappe peut-être, là tout de suite, vous ressentez qu’elle contient un message juste ?
Faites l’expérience, constatez qu’il n’y a pas d’auteur de vos pensées. Voyez comme les pensées émergent en nous, et comme nous sommes incapable de les contrôler, des les arrêter. Essayez de me dire quelle sera votre prochaine pensée ? C’est impossible. Ce sont des bulles de savons qui explosent à notre conscience, les unes derrière les autres, parfois elles n’ont aucun lien entre elles, parfois elles forment des histoires. Il n’y a pas de penseur, pas de personnage qui pense en réalité, il n’y a qu’un rêveur qui croit qu’il est l’auteur de sa vie, qu’il la dirige comme il l’entend. Toutes les pensées ne sont en réalité que de l’activité mentale. Du bruit. rien de plus. Pourtant nous continuons contre l’évidence à croire ces idées comme étant la vérité. Nous avons appris cela dès la plus petite enfance. Cela nous enferme sur la ligne du temps, entre passé et avenir. Mais en réalité il n’y a que maintenant, que l’instant présent qui soit vécu. Là, maintenant, vous y êtes, ne cherchez pas autre chose que maintenant. Ne cherchez pas à changer ce qui est, même si la réalité présente vous déplaît. Accueillir la vie telle qu’elle est (ce qui ne veut pas dire être d’accord avec la situation), c’est ne plus refuser la vie. C’est cela « mourir à soi-même » ; la liberté d’être l’instant.
Quand le rêve s’arrête
La croyance qu’il y a quelqu’un qui « dirige » ce corps, qui a un passé et un avenir, qu’il doit faire bien ou mieux pour y arriver (arriver à quoi ?) est donc un rêve. Ce personnage, cette illusion là va mourir, DOIT MOURIR (c’est le prix à payer pour enfin être soi), mais l’être, la présence qui est toujours là dans l’instant présent ne peut pas mourir. Si tu ne donnes aucune force à cette idée de mort et que tu vis totalement l’instant présent, tu es donc dans la vie jusqu’à ce que la mort survienne. Dans la réalité du présent, la mort n’a pas de place. Jusqu’à la dernière seconde de son existence, le corps est vivant. Ensuite, lorsque le cœur a cessé de battre, que le sang ne circule plus, la vie, l’énergie vitale qui agit ce corps, ne meurt pas pour autant. L’énergie de la vie, la conscience ne meurt jamais. Cette présence que nous ressentons lorsqu’on fait l’effort du silence, du retour à soi, que l’on regarde passer les pensées comme des nuages, sans écouter leur petite musique, cette présence est la conscience pure, et nous la partageons toutes et tous, en tous lieux et tout le temps, depuis la nuit des temps. C’est en cela que ceux que nous aimons ne peuvent pas mourir. L’essence de ce qu’ils sont ne peut pas mourir. Nous sommes tous Un dès lors que l’on découvre que nous sommes la conscience.
C’est beau non ? C’est une perception absolument magnifique.
Pour en savoir plus, poser une question par mail ou prendre rendez-vous, cliquez sur le lien ci-dessous :
Christophe LE BEC, Accompagnement individuel – PONT-L’ABBÉ (ou par SKYPE)
Oui magnifique