Je remarque (avec le temps !) que mon rapport au temps a totalement changé.
J’ai longtemps entretenu un rapport compliqué au temps. Sans doute que lorsque votre père meurt alors que vous avez 6 ans 1/2, le temps prend une réalité très forte et son empreinte vous marque durablement. A cause de cela, j’ai très longtemps eu très peur de la mort. La peur de la mort est en réalité une peur de la vie. Peur de la perdre, peur de la gâcher. Si bien qu’à la fin vous ne vivez plus. Vous êtes pétrifié par la peur du temps qui s’écoule. Chaque seconde qui passe vous rapproche inéluctablement de votre fin et vous freinez alors des deux pieds pour ne pas avancer. Voila exactement pourquoi ceux qui ont peur de la mort refuse en fait la vie. Quel étrange paradoxe.
Tic-tac, tic-tac, taque-tique…
Au quotidien, l’obsession du temps a longtemps rythmé mes journées. J’avais déjà beaucoup de mal à m’endormir, si bien que j’ai toujours eu la fâcheuse tendance à reculer de plus en plus le moment de me mettre au lit. Dormir, c’est mourir un peu, c’est perdre le contrôle pour le mental, et ce n’est pas acceptable pour lui ! Ensuite, se lever aussi était compliqué. Me lever revenait pour moi aller affronter le monde, et donc la vie, et je ne m’en sentais pas la force. Dans la journée, je comptais les minutes. Je le faisais déjà au collège. Je pouvais passer plusieurs heures à noter sur mon cahier chaque minute qui passait. Autant dire qu’en agissant ainsi je n’étais plus du tout présent à la vie ni aux autres. J’étais seul dans ma bulle, incapable de rentrer en contact avec les autres. J’avais toujours le sentiment qu’une matinée était déjà terminée à peine avait-elle commencé, si bien que je n’entreprenais pas grand chose. J’étais coincé sur mon horloge, entre passé et futur.
Ce rapport problématique au temps a ainsi perdurer jusqu’au jour où la maladie s’est invitée dans ma vie. Je suis atteint d’une maladie rare, une maladie auto-immune qui a eu l’avantage de bouleverser ce rapport au temps. Tout à coup, à 38 ans, je découvrais que j’étais mortel, et que cela pouvait survenir à tout moment si les médicaments ne font plus effet ou bien si la maladie attaque un organe plus sensible. Et que ce serait désormais toujours ainsi puisqu’on ne guérit pas de cette maladie. J’étais donc condamné à vivre non plus un compte à rebours, mais à vivre au jour le jour : un jour de plus, un jour de plus, un autre, un autre ! La maladie a donc eu la très grande intelligence de me remettre dans la vie malgré moi.
Cela ne s’est pas fait en un jour. J’ai mis très longtemps à accepter la vie, à l’accueillir, à l’aimer réellement. Merci à tous les enseignants spirituels dont j’ai lu les livres et vu et revu les vidéos : Laurent Levy, Isabelle Padovani, Betty Quirion, Darpan, Ginette Forget, Rupert Spira, Mooji, etc.
Ici et maintenant
Aujourd’hui, le temps n’est plus une prison. C’est une découverte récente pour moi ; une découverte primordiale. J’ai conscience que le corps est mortel, qu’il va mourir un jour, mais le fait que le « Moi Je » soit de moins en moins consistant me permet d’être conscient que ce que je suis est impersonnel, que ce que je suis ne connaît que l’instant présent. La vie se vit maintenant, maintenant, maintenant. Uniquement ici et maintenant.
Quel pied d’être libéré du temps ! Lorsque vous êtes libéré de l’emprise du temps, la mort n’a plus aucune place. Elle n’existe pas si jusqu’à l’ultime seconde vous êtes pleinement dans la vie, en prise direct avec ce qui est.
Donc, soyez vivant, soyez la vie, vivez pleinement tout ce qui se présente : la naissance d’un enfant, la maladie, tout se vit. C’est très simple. C’est aussi simple que cela.
Pour en savoir plus, poser une question par mail ou prendre rendez-vous, cliquez sur le lien ci-dessous :
Christophe LE BEC, Accompagnement individuel – PONT-L’ABBÉ (ou par SKYPE)