Le vide,
Le vide en soi,
Le vide de soi,
et même le vide autour de soi…
Le vide que l’on ressent toutes et tous par instants nous paraît tellement inconfortable et contre nature qu’il appelle généralement une réponse très rapide du mental. Je ne sais pas ce qu’il en est pour vous, mais je constate que je supporte difficilement de ressentir cette sensation. La peur du vide renvoie immanquablement à la peur de la mort, la mort de qui je suis, ou plus précisément de qui je crois être (ou feint d’être !). Ressentir ce vide apparaît si insupportable, insurmontable, horrible, qu’il apparaît tentant de fuir cette sensation en remplissant artificiellement ce vide en moi avec des pensées et des jugements hâtifs. Le vide appelle mécaniquement des réactions. Je peux ainsi avoir tendance à m’accrocher misérablement à un désir d’évoluer, de changer, de contrôler ma vie encore plus. J’ai fui ainsi des années, certains fuient toute une vie.
Pourtant, si je consens à m’arrêter pour laisser toute la place à ce vide en moi, ce vide de moi, un processus s’enclenche. Je laisse le silence accueillir ce que contient cet inconfort. Je ne cherche pas à habiter ce vide, à fuir ou à contrôler les émotions qui surgissent dans mon ventre, ma gorge, ces tensions physiques, ce froid ou cette chaleur, cette lourdeur ou cette légèreté qui peuvent m’ envahir. Si je laisse le silence agir, alors je peux ressentir la puissante charge énergétique de ce vide alors que le calme s’installe en moi. Ce vide de moi n’est pas rien. Ce vide plein d’énergie, c’est ce que je suis. Rien d’autre. Le vide est moi, sans mon histoire personnelle, sans mes croyances, sans mes goûts ni mes peurs, sans mes habitudes, sans mes stratégies pour avoir l’illusion de contrôler ma vie. Rester avec ce vide demande du temps, cela s’apprivoise, exactement comme on entre en relation avec un chien errant apeuré. Il faut laisser le chien approcher, si vous allez vers lui, il rebrousse chemin. Il convient de laisser sa volonté personnelle à la porte. Elle ne fera que définir, cataloguer et chercher une solution pour ne pas vivre ce vide inconfortable.
Lorsque je réagis au lieu d’accueillir, je remarque que je me nie toujours. Je nie ce qui m’habite, ce qui vit au travers de moi. Je ne me rends alors pas compte, que je ne suis pas autre chose que cette onde qui fluctue, qui danse parfois avec légèreté lorsque tout va bien et avec une lourdeur visqueuse et froide lorsque ça ne va pas, lorsque je voudrais « être » autrement, faire autrement. L’inconfort n’est pas la conséquence du vide. L’inconfort naît de mon désir de refuser ce qui se vit en moi, de ma volonté farouche que ce soit autrement.
Laisser passer cette pensée aussi, comme les autres, laisser agir le vide en le confiant au silence… Et toute l’histoire s’arrête !
Le vide et le silence ne m’effraie pas du tout, au contraire ils m’apaisent. Par contre lorsque j’éprouve un sentiment d’injustice par exemple et que je reste avec les sensations corporelles qu’il engendre là oui je sens une puissante énergie, mais c’est de la rage qui voudrait s’exprimer. C’est donc ce que je suis?