Le récit ou l’énergie ?

« Tout est énergie. Tout est là. Tout est déjà réalisé. Il n’y a donc rien à faire. » Ce que je ressens aujourd’hui très intensément, c’est que tant que la compréhension de ces mots ne s’est pas réalisée énergétiquement en vous, cela demeure des pensées, des idées, qui sont extérieures à vous.

Le récit ou l’énergie ?

Le récit ou l’énergie ? 940 360 Christophe LE BEC

« Tout est énergie. Tout est là. Tout est déjà réalisé. Il n’y a donc rien à faire. » Ce que je ressens aujourd’hui très intensément, c’est que tant que la compréhension de ces mots ne s’est pas réalisée énergétiquement en vous, cela demeure des pensées, des idées, qui sont extérieures à vous. Vous y croyez, la compréhension vous transcende d’une certaine manière, vous êtes comme porté peut-être, mais ce n’est pas encore ce que vous êtes. Ces pensées que vous chérissez tant, dans lesquelles vous mettez énormément d’espoir souvent, demeurent à l’état de but, ou de mantra.

In corpo

Cette nécessité d’incorporation pour faire Soi prend du temps. Lorsque cela est vécu, ressenti, goûté physiquement, « tout » change radicalement ! La compréhension se déplace du cerveau aux cellules de votre corps physique. La compréhension s’est muée en incarnation. Votre regard en est chargé positivement. Les mots perdent alors leur toute puissance, les pensées ne représentent plus un carcan qui vous guide, elles sont vues pour ce qu’elles sont : de l’énergie parmi d’autres énergies. Les mots, et les histoires qu’ils racontent, sont supplantés par la simple présence à Soi et aux autres, à la nature, à l’air et au vent qui sont là, qui vous traversent et vous caressent, ou parfois vous bousculent. Vous pouvez alors vous connecter totalement à l’instant présent, faire un avec le mouvement de la vie.

Mais rien n’est jamais « gagné ». Il n’y a rien à gagner, aucun nirvana, aucun but à atteindre, aucun bonheur éternel. Souvent, l’orage magnétique me secoue encore, des idées surgissent en tempête et me renversent, me rudoient. L’intensité est telle que les pensées prennent alors de nouveau toute la place. Pendant un temps, moi et le monde sommes séparés. Je refuse simplement la réalité qui est là, que ce soit la maladie, une séparation, un deuil, que ce soit la perte d’un boulot ou un ami qui s’éloigne. Je me raccroche désespérément à des solutions extérieures à moi, je cherche des raisons, des coupables, tout un chapelet d’histoires anciennes retrouvent alors leur énergie, nourries par le sucre de mon attention. Ces histoires alimentent le feu de mon histoire personnelle. On y retrouve toujours les mêmes ingrédients. Dans mon cas, le sentiment d’être rejeté ou abandonné, et plus rarement aujourd’hui un sentiment d’injustice. Cela colore toutes mes perceptions, déterminent toutes mes interprétations et dessinent un monde particulier : mon monde.

Le récit

Nous vivons dans un monde où le récit nous apparaît central. Il y a le récit du genre humain depuis les premiers hommes jusqu’à notre époque troublée ou la survie de l’espèce même est en jeu, le récit national avec nos ancêtres les gaulois. Le récit de notre famille, et notre histoire personnelle à la pointe de celui-ci, qui nous semble être l’épicentre du monde. La moindre de nos décisions semblent revêtir une importance énorme. Cela génère un stress, une responsabilité individuelle énorme. Nous avons le sentiment de subir les événements et de devoir y répondre de la « bonne » manière sous peine de ne pas être aimé ou accepté. Et notre vie tourne autour de ce récit : c’est de la faute à mon père si je suis alcoolo, c’est la faute à ma mère si je suis coupé émotionnellement des autres, c’est la faute à mon boss si je perds mon boulot, etc. Chacun trouvera dans son quotidien matière à nourrir l’histoire qui convient pour faire « saigner » sa(ses) blessure(s) originelle(s). On sait très bien faire ça, non ?

Choisir…

Soit nous accueillons le mouvement même de la vie, et nous nous laissons traverser par cette énergie d’amour en lui ouvrant les bras, et tout l’imprévisible est alors possible car nous accueillons totalement, sans freiner, notre vulnérabilité, nos élans naturels, et même les événements qui sont là, soit nous nous identifions à notre récit personnel et aux croyances qui en découlent, et notre monde se rétrécit instantanément à nos pensées et concepts étriqués. Nous donnons alors notre pouvoir, notre énergie à un monde compliqué, souffrant, ou la peur domine.

Mais comment peut-on choisir alors qu’on a généralement l’impression de ne jamais avoir le choix ? Mon expérience me ramène systématiquement au corps, moi qui suis tellement coupé de ce corps, encore bien trop souvent ! Le corps ne vit que dans l’instant, il s’adapte en permanence à ce qui est. Revenir au corps, à nos sensations physiques, me permet de me déposer en moi-même. Même lorsque les pensées se bousculent à cent à l’heure au portillon, rester posé et accueillir les pensées sans chercher à changer quoique ce soit permet de créer un espace entre les pensées et ce que je suis, ce qui perçoit les pensées. Cet espace silencieux agit comme le doux chant d’un petit ruisseau où toutes les pensées se dispersent et redeviennent rapidement une simple énergie, un flux, une onde, sans signification particulière, même si cela demeure un peu désagréable. Et rapidement, mon mental se calme. Rien ne résiste à cette présence silencieuse en nous.

L’Île aux enfants

Je ne rêve pas d’un monde tout rose, tout doux pour l’éternité. Peut-être qu’un jour « mon » personnage s’écroulera pour de bon et que je vivrai alors dans la joie permanente, mais à ce jour, ce n’est pas le cas et je n’en éprouve ni le besoin, ni l’envie. Je vis bien sur mes deux pieds. J’aime les petites aventures de ce personnage avec ses blessures, son histoire personnelle. Le simple fait de pouvoir me dégager de l’histoire, de pouvoir vivre et ressentir plus large, de ressentir ce mouvement, cet élan vital, change radicalement la nature de l’expérience.

Christophe LE BEC

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