J’ai envie de vous raconter une histoire. J’adore raconter des histoires.
Lorsque j’étais scénariste, il y a une petite vingtaine d’années, j’ai appris comment créer un personnage en partant d’une page blanche. Je l’ai appris sur le tas, en me frottant à l’exercice, et en lisant des livres sur le sujet. Sachez qu’il n’y a pas d’histoire sans personnage (il faudra un de ces quatre que j’écrive un texte sur ce sujet, cette dernière phrase porte une vérité tellement forte, ça me titille l’esprit d’avance !). Au départ, le personnage est une sorte poupée Barbie, nue, lisse, sans aspérité. L’écrivain va donc l’habiller, le définir, lui donner une personnalité, avec une histoire personnelle, des problèmes. Imaginons que notre personnage soit un homme, qu’il est grand, beau et fort. Mais imaginons que son histoire personnelle fait qu’il se croit indigne d’être aimé et qu’il manque de confiance en lui. Alors il sera peut-être violent et cherchera à écraser les autres pour se rassurer, ou à l’inverse être timide et réservé, presque transparent en société malgré sa beauté. C’est uniquement comme le veut l’écrivain. Le personnage va agir en fonction des croyances que lui a collé sur le dos son écrivain-géniteur.
C’est exactement ce que nous faisons tous autant que nous sommes avec nous-même. Nous écrivons une histoire personnelle, un personnage factice, mais sans le savoir au contraire de l’écrivain.
On ne devient pas écrivain et/ou scénariste par hasard. On le devient car on connaît déjà le chemin, même si on n’en a peut-être pas conscience ou pas totalement conscience. On sait que le personnage est façonné par ce qu’il croit savoir de lui. On sait que ce qu’on lui colle sur le dos comme croyances et injonctions est faux. D’ailleurs, pour les besoins de l’histoire, ou parce que cela nous arrange, il arrive fréquemment que l’on modifie au cours du travail d’écriture l’histoire personnelle du personnage ou bien sa personnalité !
Le jour où je suis devenu Merlin
Je ressens maintenant le besoin de vous faire un aveux : je suis surdoué. Je ne dis pas ça pour me la péter, je le dis parce que cela influe beaucoup sur la manière dont je fonctionne. J’ai été diagnostiqué il y a cinq ou six ans maintenant. La psychanalyste spécialisée dans la surdouance que j’avais contactée m’avait dit quelque chose qui m’avait frappé et que je n’oublierai jamais : « entre votre conscient et votre inconscient il y a l’épaisseur d’une feuille de papier à cigarette. » Cela venait expliquer pourquoi depuis tout petit, je savais consciemment que je n’étais pas du tout le personnage que je semblais être. J’avais façonné en conscience un personnage, une fausse personnalité pour me protéger de la douleur, pour ne plus ressentir la peur. Cela explique aussi pourquoi, quand je suis devenu scénariste j’ai souhaité pendre un pseudo. J’avais l’impression qu’en prenant une nouvelle identité que je choisirais en conscience, je me libérerais du carcan de mon identité officielle. Sous ce nouveau nom je me réinventerais plus libre, plus vrai, plus grand !
Dans les faits, mon plan n’aura pas fonctionné aussi bien que je le pensais, mais c’est encore une autre histoire ! (P.S. : penser à écrire un article sur le sujet !)
Au départ, je ne me suis pas fait appeler Merlin, mais François Merlin. Je ne me rêvais pas en Merlin l’enchanteur, mais en François Merlin, un enchanteur de seconde zone, un enchanteur de gare de banlieue pour être tout à fait précis ! François Merlin est le héros interprété par Jean-Paul Belmondo, dans « Le Magnifique », un film de Philippe de Broca, un réalisateur avec qui j’ai eu la chance de travailler quelques années plus tard. Le personnage de François Merlin est un écrivain de roman de gare, un écrivain qui se pense sans grand talent, mais qui se rêve totalement dans son personnage de héros façon James Bond de pacotille. Lorsqu’il écrit, il est le personnage. Il est tellement le personnage qu’il nourrit ses aventures de ses problèmes personnels pour se soulager et rêver d’une vie idéale où il serait irrésistible : ainsi, il bute sur une plage de sable blanc d’un pays exotique le plombier et l’électricien qui font (ou plutôt qui ne font pas !) les travaux qu’il leur a demandé de faire dans son vieil appartement parisien. Ce film, c’est un film dans un film. Et c’est exactement de cette manière que j’ai grandi. Il n’y a pas de hasard dans ce choix de pseudo. A l’époque j’avais juste choisi le nom du héros de mon film préféré, sans savoir pourquoi il était mon film préféré ni pourquoi ce personnage m’était si proche.
Ensuite, j’ai raccourci ce pseudo en Merlin tout court, parce que, au quotidien, quand les gens m’appelaient simplement François, j’avais tendance à ne pas répondre immédiatement, comme si ce n’était pas moi. Je n’avais pas ce soucis quand on m’appelait simplement Merlin.
L’enchanteur
Aujourd’hui, même si j’ai repris ma véritable identité lorsque j’exerce comme thérapeute ou journaliste, ma femme, mes enfants, mes amis m’appellent encore Merlin. Ce qui fait qu’encore aujourd’hui, je suis Merlin une bonne partie du temps. Je serai toujours Merlin et Christophe à la fois. Les deux ne me quitteront jamais. Mais lorsque je suis présenté à des personnes que je ne connais pas comme étant « Merlin », mes interlocuteurs pensent immédiatement et uniquement à Merlin l’enchanteur. C’est assez amusant de constater comment on devient soi, malgré soi, comment la vie se joue en vous, et de vous, malgré vous.
Le mythe de Merlin dans Wikipedia
« Merlin, communément appelé Merlin l’Enchanteur, est un personnage légendaire, prophète magicien doué de métamorphose, commandant aux éléments naturels et aux animaux dans la littérature médiévale. Sa légende provient à l’origine de la mythologie celtique galloise, et s’inspire certainement d’un druide divin, mêlé à un ou plusieurs personnages historiques. Son image première est assez sombre. Les plus anciens textes concernant Myrddin Wyllt, Lailoken et Suibhne le présentent en « homme des bois » torturé et atteint de folie, mais doté d’un immense savoir, acquis au contact de la nature et par l’observation des astres. Après son introduction dans la légende arthurienne grâce à Geoffrey de Monmouth et Robert de Boron, Merlin devient l’un des personnages les plus importants dans l’imaginaire et la littérature du Moyen Âge… » (suite de l’article…)
Je ne suis ni un magicien ni un sorcier, mais je me reconnais dans la figure de l’enseignant qu’il a été avec le fée Viviane notamment, et qui trouve l’inspiration dans la nature et auprès des animaux. Totalement (voir article sur le sujet : Les animaux émoi). Il convient de préciser ce qu’est un enseignant spirituel selon moi : je ne me définis pas quelqu’un qui sait et qui entend apprendre à des ignorants (j’étais un cancre à l’école, je n’ai même pas le bac, mon seul diplôme d’État est le permis B !). A mon sens, je me sens davantage comme un messager (un humble raconteur d’histoires justes !) de ce que nous sommes toutes et tous en tout temps et partout, à savoir la présence, l’Être. J’ai traversé trois expériences d’éveil qui ont ouverts des brèches dans ma cuirasse, et j’ai pu voir et vivre ce qu’était être ici et maintenant. Je ne fais que raconter l’expérience de ce que je vis en ciblant les problématiques que je rencontre, ce n’est pas un savoir que j’ai appris. Je me sens même toujours totalement ignorant.
On ne peut jamais raconter que ce que l’on connaît déjà…
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Christophe LE BEC, Accompagnement individuel – PONT-L’ABBÉ (ou par SKYPE)