Je n’ai jamais assisté à un séminaire ni participé à un stage animé par Laurent Levy (un enseignant spirituel), mais j’ai visionné un grand nombre de ses vidéos avec gourmandise. Je suis content d’avoir l’occasion de l’évoquer ici, car c’est un documentaire où il apparaissait qui a tout déclenché en moi ! Ses mots m’ont touché droit au cœur, et j’ai immédiatement reconnu ce que j’étais à travers son témoignage. Ça c’est pour l’intro. Si je parle de lui dans cet article c’est que je sais qu’il fait de temps en temps des séances autour de films en s’amusant à déchiffrer les enseignements qu’ils contiennent. Et c’est exactement l’idée du jour avec « La grande vadrouille », un film de Gérard Oury tourné en 1966 avec Louis de Funès et Bourvil.
Ce film parle à tout le monde (17 millions de spectateurs entre 1966 et 1975). Chacun peut se reconnaître dans ces deux personnages et c’est bien normal car l’un et l’autre nous habitent en permanence. L’histoire se déroule en 1942, en pleine occupation de Paris par l’armée allemande. Louis de Funès joue le rôle d’un chef d’orchestre de grand renom habitué à mener son monde à la baguette ; et gare à la moindre fausse note, il ne tolère aucun écart. Il incarne à la perfection notre cher mental. C’est d’ailleurs amusant car dans mon article précédent qui traitait déjà du mental (Le commandant), j’évoquais Louis de Funès tant il ressemble à l’image et à la personnalité de mon mental « à moi ! ».
Bourvil joue le rôle d’un français moyen, simple peintre en bâtiment. Simple, un qualificatif qui lui va très bien. Il se sent petit, pas très courageux, pas très ambitieux. C’est le genre de type qui ose à peine rêver, et déjà cela lui semble être un peu prétentieux. Il est profondément doux et introverti, incapable d’affirmer ses besoins. Il incarne parfaitement une forme de pureté, d’innocence, il est l’enfant que nous sommes tous à l’intérieur de nous et qui s’interdit d’être lui-même par peur d’être rejeté, condamné, vilipendé.
Tout au long de cette Grande vadrouille, notre pauvre Bourvil va faire l’expérience puissance 10 de la dualité en devenant le souffre douleur de Louis de Funès qui n’a de cesse de le commander, de le frapper, de le traiter de crétin. Vous remarquerez que de Funès est incapable d’agir lui-même, il ne joue même pas d’un instrument de musique. Non, son truc à lui, c’est commander, juger, piétiner, crier ! Et il y a une scène qui symbolise parfaitement cela. Elle est tellement juste et représentative de cette histoire qu’elle illustre l’affiche du film ; c’est la scène où de Funès se débrouille pour que Bourvil le porte. Il n’a même pas besoin de le menacer, il lui suffit de faire comme si Bourvil s’était gentiment proposé. Et Bourvil, bien trop soumis pour percevoir le caractère abusif du chef d’orchestre, porte de Funès qui tape sur son casque pour le diriger (tout droit, non à droite, plus vite !). Bourvil porte de Funès, mais aussi les deux fusils volés à des soldats allemands et il tient aussi en laisse un imposant berger allemand. J’oubliais, il porte aussi aux pieds les chaussures bien trop petites du chef d’orchestre, car ce dernier avait mal aux pieds !
Voir ce film, c’est comprendre immédiatement l’importance de laisser la vie s’épanouir en vous, se vivre et ne plus se soumettre/croire aux injonctions, jugements et croyances limitantes qui peuplent votre tête. La grande vadrouille, c’est le titre de votre vie lorsque vous vous identifiez à vos pensées, à votre mental. Cela le restera tant que vous ne rencontrez pas la présence silencieuse en vous qui est votre nature profonde. Mais ne rejetez pas le mental, voyez comme son agitation permanente est une invitation à regarder là où cela fait mal en vous. Nous avons besoin des deux pieds pour marcher. Nous avons besoin du dehors pour ressentir les émotions, les peurs et les douleurs qui résonnent à l’intérieur.
Bourvil + de Funès, c’est vous, c’est moi !