Il y a la terre, et il y a le monde…

Il y a la terre, et il y a le monde…

Il y a la terre, et il y a le monde… 940 360 Christophe LE BEC

Il y a la terre et il y a le monde, nous dit Barry Long dans le prologue d’un livre (génial de mon point de vue !) intitulé « Seule meurt la peur ». Je trouve ce message tellement juste, et simple, et tranquille, en cette période de repli imposé. Il y a la terre, et il y a le monde. Il me semble judicieux d’aller regarder comment cela résonne en chacun de nous aujourd’hui : « il y a la terre, et il y a le monde… »

La terre…

La terre, c’est la terre-mère ; la vie, organique, joyeuse, jaillissante, qui croît, se répand, se mélange, cherche l’expansion de ses potentiels, sans autre moteur que l’Amour. Pas l’amour-amoureux, sentimental, mais l’amour-vie, l’amour énergie créatrice. La terre porte cette énergie là. Elle joue le rôle du terreau fertilisant l’expression de cette énergie. La puissance de vie, cet élan naturel et divin, sans but précis, sans grand dessein autre que la vie elle-même, habite la terre. Ce sont les chênes, les sapins, les frênes qui font les forêts, les coquelicots, les pommes de terre, les herbes folles, les pommiers, ou les mauvaises herbes aux nombreuses vertus, c’est aussi la jeune Eve, le petit Adam, et tous les prénoms qui essaiment aux quatre coins de la terre leurs soifs différentes, qui expriment leur unicité.

Nous sommes les représentants d’une espèce animale parmi les autres, au même titre que l’abeille, le chat et le crocodile, le koala ou le hérisson.

La pensée « je suis quelqu’un, avec un nom, un sexe, une histoire personnelle » a créé le monde. Sans cette pensée, nous serions simplement la vie qui se vit, la joie inaltérable d’être, sans autre ambition.

Le monde…

Le mammifère goguenard que nous sommes, fort de sa pensée puissante, s’est petit à petit perçu comme le propriétaire exclusif de la terre et s’est chargé d’en exploiter les ressources, de créer des propriétés, des territoires, des pays, des nations, des ennemis, etc. Se penser puissant, le plus fort, est une manière tragique pour l’homme de conjurer sa peur. L’homme a peur de la vie, de sa propre vulnérabilité. Nous avons construit collectivement le monde pour nous sentir protégés.

Le monde, comme le dit si bien Barry Long, est « la superstructure malheureuse que l’homme a imposé à la terre. Le monde est constitué des problèmes de l’homme. La terre, ainsi que le monde, sont en vous. Ce que vous voyez à l’extérieur et la façon dont vous en êtes affecté, est purement le reflet de ce qui est à l’intérieur de vous. Si vous percevez et ressentez de la beauté dans votre vie, vous êtes en contact avec la terre et la vie qui sont en vous. Si, dans votre vie, vous voyez des problèmes et vous sentez malheureux, vous êtes en train de regarder le monde. »

L’illusion de la toute puissance

Le monde n’a pas plus de consistance qu’une illusion collective, un rêve éveillé. Nous avons tous, petit à petit, et jour après jour, contribué à fabriquer cette illusion pour couper notre connexion au vivant. Je sais à quel point cette idée que le monde est une illusion pourra sembler saugrenue, folle, à certains.
Nous ne nous vivons plus comme faisant partie intégrante d’un écosystème auquel nous sommes soumis, nous nous imaginons au-dessus des lois naturelles du vivant. Si nous dominons le vivant, si la vie est sous mon contrôle, alors je me sens rassuré. Là se trouve l’illusion.

L’homme s’est ainsi raconté que la vie lui appartenait, sa vie à lui (ceci est ma vie, ma maison, mon jardin, ma voiture, ma femme, mes enfants, mon avenir !), mais aussi la vie de tous les êtres vivants que portent la terre : les lapins, les lions et les éléphants, les poules, les renards et les perdrix, jusqu’aux moustiques, tous les animaux et toute la flore dont il se croit propriétaire et autorisé à exploiter à son seul profit. « Je » décide de la vie, « Je » contrôle la vie, c’est « ma vie » !

La vie en nous

La réalité : je suis avant tout un tas de cellules, un bouillon de culture qui s’auto-organise le plus harmonieusement possible pour fonctionner selon des processus chimiques, organiques, qui m’échappent totalement. Ce que nous appelons « notre « corps » est en réalité un réseau de cellules sur lequel nous n’avons aucun pouvoir. Qui décide de respirer ? Qui décide de l’oxygénation cellulaires nécessaire à la vie ? Vous, moi ? Évidemment que non. Nous avons l’impuissance d’un hamster face à la magie de la vie. Et ça me semble parfait ainsi.

Face à la réalité

En tant qu’humains conscients, pensants, ruminants nos peurs comme nos espoirs, nous vivons collectivement et personnellement un moment unique, étrange, mais aussi hyper vivant et même, d’une certaine façon, vivifiant.

Nous voici ramenés à la réalité. Je dis cela sans oublier les morts, sans nier la souffrance que cela engendre. Confinés dans nos maisons ou nos appartements, nos repères s’effacent quelque peu, nos assises perdent de leur consistance. Nous voici, pour beaucoup d’entre nous (J’ai une pensée reconnaissante pour tous les soignants, mais aussi toutes celles et ceux, les plus précaires généralement, qui continuent à travailler : facteurs, caissières, livreurs, ouvriers, maraîchers, pour que nous puissions nous nourrir, avoir de l’électricité, de l’eau… ), contraints par la force d’un virus qui met à mal notre système de santé, à demeurer immobiles. Avec la pandémie qui avance, avec le nombre de morts qui augmente chaque jour, la vie révèle sa fragilité, ce caractère miraculeux que nous avons oublié de contempler.

Le monde s’arrête, mais la vie, elle, continue. Elle révèle dans le silence tranquille de l’instant, toutes les peurs, la tristesse, et toutes les émotions tapies en nous et depuis si longtemps refoulées, niées. Ces émotions de peur, de colère, de tristesse, nous les portons en nous, à travers nos gènes, depuis des générations et des générations. Qui peut dire si votre peur du noir n’est pas née dans une grotte au temps de l’homme de Néandertal ?

Nous sommes tous coresponsables du monde que nous voyons. Il n’y a pas d’un côté les méchants, les manipulateurs dominants et de l’autre, les victimes. Nous participons tous au monde, ayons l’honnêteté de le reconnaître. J’ai internet, je suis sur Facebook, Instagram, Twitter, je joue avec un smartphone toute la journée. Je mange et j’utilise des produits fabriqués aux 4 coins du monde, je roule avec une voiture, je brûle au passage des litres de gasoil. Tous autant que nous sommes, nous avons joué le jeu du monde.

D’après de nombreux scientifiques, la recrudescence des épidémies résulterait peut-être du rapprochement des espèces sauvages avec les hommes en raison du rétrécissement des espaces de vie des espèces. 60 % des espèces sauvages sont déjà mortes. On sait que la hausse de deux degrés des températures sur le globe, le déplacement massif des populations qui va générer des conflits inévitables, est encore le problème du monde.

Covid-19

Les scientifiques expliquent depuis une dizaine d’années l’éminence de la catastrophe écologique et sanitaire à venir si nous ne modifions pas radicalement notre mode de vie basé sur la sur-consommation. Le Covid-19 vient nous faire comprendre et ressentir la fragilité de notre système, notre peur face l’incertitude de la vie. Je ne saurais dire si le Covid-19 a la dangerosité qu’on lui prête, si la réponse des États est la meilleure option ou pas. Ce que nous vivons est en tout cas notre réalité du moment. Il n’y en a pas d’autre. Et comme toute chose, elle porte un enseignement.

Alors regardons la vie justement, goûtons la beauté et la fragilité de ce miracle, et la chance pour de pouvoir vivre cette seconde d’éternité en conscience. Ce privilège me semble absolument incroyable. Quel luxe. Contemplons notre responsabilité face à la vie et à ce que nous voulons vivre, à l’avenir. Il me semble que ce temps d’arrêt nous invite à cela. Voulons nous continuer à « consommer » la terre ou à vivre en harmonie avec elle ?

Coupés du monde, au bord de la terre, regardons justement la terre, voyons la vie qui est là, devant nous, tout autour et en nous.

La terre se porte très bien

La terre va très bien, c’est le monde, notre monde qui crie, se meurt, à bout de souffle. Les dauphins jouent aux portes de Venise, la pollution diminue partout. On respire. L’agitation se ralentit, laissant entrevoir la respiration de la terre. Nous la voyons.

Seule meurt la peur. La seule question qui vaille : que voulons-nous vivre ? Ai-je encore envie de jouer le jeu du monde, de me vivre comme impuissant et victime ? Quel rapport à la terre, au vivant, souhaitons nous instaurer à partir d’aujourd’hui, dès maintenant ?

Je nous aime.
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Christophe LE BEC

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