Comment savons-nous qui nous sommes ? Comment en sommes-nous arrivés à nous identifier à un personnage ?
Et bien nous l’avons appris. Dès notre plus jeune âge. Nos parents ont décidé de nous choisir un prénom et quand ils se sont adressés à nous, ils nous l’ont répété à l’envie ; début de l’histoire.
Généralement, les deux humains face à nous s’évertuaient à se définir eux-même comme étant « Pa-Pa ! » et « Ma-man ». Deux syllabes qu’ils répétaient en boucle, tel un mantra, comme pour mieux nous convaincre et se convaincre de cette réalité. Le petit enfant que nous étions ouvrait grand ses yeux et écoutait ses parents, jusqu’à finir par « intégrer » (faire rentrer à l’intérieur de lui) le concept : eux, ce sont Papa et Maman, ils sont extérieur à moi, et moi je suis… Christophe, Louison, Jean-Pierre, le prénom que l’on vous à collé sur le dos.
Sans cet apprentissage, cette idée que nous sommes quelqu’un n’aurait simplement pas lieu d’être. Nous continuerions simplement à être dans l’instant, avec la fraîcheur d’un petit enfant.
Je, tu, il, nous sommes…
« Tu es Christophe », « tu es drôle », « tu es éparpillé », « tu es rêveur », « tu es chiant ». On nous définit sans cesse. Ce sont des limites, généralement sous la forme de qualités et de défauts ou de drame vécus, qui dessinent les contours d’un personnage. Et nous y croyons. Pire, nous nous y conformons. « Tu es maladroit », devient « je suis maladroit » qui fait qu’à chaque fois que l’on nous invite à découper un poulet lors d’une réunion de famille on s’entend répondre de façon automatique : « Je ne peux pas, je suis trop maladroit ! » Parce qu’on s’est montré maladroit à un instant T, nous voilà identifié, condamné, à ce jugement. Notre histoire se construit ainsi dans le temps, dominé par le passé, tendu vers un futur hypothétique où nos désirs et nos attentes nous emprisonnent. De la même manière, on nous a raconté une histoire de famille, cette histoire nous façonne, de génération en génération, comme les personnages d’un roman semblent téléguidés par le dessein imaginé pour eux par l’auteur. On ne peut échapper à la mécanique implacable de notre destin. Petit à petit nous nous sentons victime de cette histoire. « Nous n’y pouvons rien, c’est comme ça, et ça ne peut pas être autrement ». Constatez comme vous avez accepté de vous y soumettre.
Temps mort !
Arrêtons le film un instant. « Temps mort ! », comme on dit au basket. Plutôt que de chercher à vous convaincre intellectuellement, il me semble plus simple et efficace de vous inviter à simplement faire l’expérience que nous ne sommes pas ce corps, ni cet agrégat de pensées et de jugements que nous avons sur nous et les autres. Mon expérience de réflexologue me ramène toujours au corps, à l’expérience sensorielle, à ce qui se vit ici et maintenant. Le corps est notre véhicule. A travers lui et les sensations physiques qu’il ressent vous pouvez constater que vous n’êtes ni le corps, ni les pensées, ni les sensations physiques.
Exercice pratique
Allons-y. Asseyez-vous ou allongez-vous si vous préférez. Lorsque vous serez confortablement installé, prenez trois grandes respirations. Ne faites absolument rien. Soyez simplement à l’écoute de ce qui se passe. Prenez conscience des sensations physiques qui sont là également. Regardez où cela se situe dans le corps. Une impression de froid ou un creux à l’estomac, une sensation de boule dans la gorge, une tension dans les épaules, une sensation de chaleur, une articulation douloureuse, etc. Repérez ces sensations et la à encore, ne cherchez pas à changer quoi que ce soit. Accueillez totalement les sensations physiques, laissez monter les émotions si cela arrive. Donnez leur le droit d’être là, exactement comme elles sont. Constatez simplement ce qui est maintenant. Sans rien changer. Si des pensées émergent, laissez-les passer, comme passent les nuages dans le ciel. Ne jugez pas, ne cherchez pas à comprendre, à contrôler ou analyser quoi que ce soi. Ne rajoutez rien, constatez simplement : « Tiens, j’ai cette pensée là », etc.
Et Dans un second temps, tournez votre attention vers ce qui perçoit ces sensations physiques. Comment est-ce que cela se présente ? Où est-ce ? Est-ce dans votre corps ?
Vous allez constater que ce qui perçoit n’est pas dans le corps, mais plutôt que le corps est dans cet espace vaste et tranquille qui perçoit ce qui vous traverse. Et quelque soit ce que vous ressentez, ce qui perçoit n’est pas affecté. Il constate ce qui est. Point. Cet espace n’a rien à voir avec l’histoire, avec le personnage que nous croyons être, avec tous ces problèmes qui habitent notre quotidien (argent, amours, carrière, enfants, parents, etc.). Il existe avant l’histoire, avant l’identification.
Il n’y a pas un « Je » qui ressent tout cela, pas de centre où se prend la décision. Mais alors, qui est l’auteur de vos pensées ? Où se trouve-t-il ? Pouvez-vous me dire quelle sera votre prochaine pensée ?
Il y a de fortes chances pour que cela vous soit impossible. Vous pensiez être l’auteur de votre vie, une personne qui choisit, qui agit, qui maîtrise le temps. En réalité, vous êtes traversé par la vie. Les émotions et les pensées surgissent, mais vous n’en êtes pas l’auteur. Il n’y pas d’auteur, pas de centre, pas de « Je ». Les pensées sont le fruit de votre conditionnement, de l’histoire, de votre peur de ne pas être aimé. Vous ne maîtrisez rien. Le croire est une illusion. Ce mécanisme des pensées se fait automatiquement dans notre mental réactif, c’est comme un bruit, un bavardage parasite.
Mais revenons à cet espace en nous qui perçoit les pensées, les sensations physiques qui surgissent. Ne serait-ce pas notre vrai « Moi », notre vraie identité ?
Ce qui perçoit, c’est la conscience. La conscience d’Être. Ce n’est pas une conscience personnelle. Elle n’est pas identifiée à un « Je ». Cette conscience d’Être nous habite toutes et tous de la même manière. Nous pouvons tous faire exactement la même expérience. Ce qui perçoit nos pensées, nos peurs, nos désirs n’est pas « Je ». Et pourtant il est évidement que ce qui perçoit les pensées, les sensations physiques est l’essence de qui nous sommes.
C’est pour cela que lorsque qu’on s’intéresse à la non-dualité, on arrive immanquablement à l’idée d’Unité. Nous sommes tous Un, comme autant de facettes uniques d’un même diamant : la conscience pure, Dieu, la nature, la Source, quelque soit le nom que vous lui donnez.
Lorsque nous parvenons par instants, puis de plus en plus souvent (en permanence pour les êtres dit éveillés) à nous installer dans cet état d’Être, il n’y a plus ni peur, ni solitude, il n’y a plus d’autres, il y a juste ce qui est maintenant et la joie de le constater. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a plus l’expérience de la dualité. Nous continuons à faire l’expérience du Moi et des autres. Nous continuons à nous rendre au travail, nous pouvons acheter une voiture, faire du sport. Simplement les autres ne sont plus responsables de mon bonheur ou de mon malheur, ni moi du leur. Il n’y a plus l’identification à l’histoire. Il n’y a plus la croyance qu’il y a un Je qui décide, fait des choix et doit atteindre des buts.
Prendre le temps de se poser le plus souvent possible à l’intérieur de soi, c’est comme revenir à la maison et constater, constater encore que ce qui perçoit demeure tranquille et qu’il n’est pas modifié par les pensées. C’est pour moi un exercice libérateur.
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Christophe LE BEC, Accompagnement individuel – PONT-L’ABBÉ (ou par SKYPE)
Je me suis inspiré des vidéos de Suyin Lamour, mais aussi de Ginette Forget, Betty Quirion ou Laurent Levy pour rédiger cet article. Leurs vidéos sont disponibles sur YouTube.