Ça sonne comme une promesse de pause déjeuner sympa dans un petit troquet de province, dans son jus, au bord d’une route des vacances. « Au Bon Accueil ! » Ça sent bon, l’accueil. C’est doux, tranquille, gentil. Les mêmes recettes depuis toujours, que l’on récite de génération en génération. Toujours aussi bonnes. Que l’on parle d’éveil, de rencontre avec le divin, d’oser être soi, il n’est jamais question d’autre chose que d’accueillir ce qui est là, accueillir la vie que nous sommes, et qui est à chaque seconde unique, différente, totalement neuve. Rien de connu derrière l’accueil. Cet accueil ne peut être contrôlé pour en faire un projet : de vie à deux, de réussite sociale, de maison à la mer et de vacances au ski, ou je ne sais quoi encore qui place le bonheur, la vie, à l’extérieur de nous ; et qui place l’autre ou les objets désirés comme les responsables de ce bonheur tant espéré, tant attendu. Et c’est tranquille de voir ça.
L’accueil est juste un mot valise, une manière de faire un raccourci, d’aller directement à quelque chose qui satisfait notre mental spirituel, cette part de nous qui entend, quand même, contrôler l’éveil ou la rencontre avec soi, qui désire ardemment aller quelque part avec cette idée d’éveil, d’élévation, d’illumination ou de connexion au divin en soi. Finalement, ces mots étendards, éveil, divin, spiritualité, rencontre avec soi, etc. sont des paravents derrière lesquels on se planque, derrière lesquels je me suis beaucoup planqué, travesti même, jusqu’à faire de moi par instants un clown savant/rigolo/agaçant : à vous de voir.
Il est difficile de ne pas employer ces mots valises, car ils font office de repères, mais après les avoir employés, on devrait leur péter la gueule pour les faire tomber eux aussi, comme toutes les idées, tous les concepts, pour aller rencontrer la lumière derrière les mots. Ce qu’il est important de VOIR, ce n’est pas le concept, mais ce que nous sommes dessous, derrière, tout autour, ce que cela recèle de vrai en vous, qui est une facette unique de la conscience.
Et là, on quitte le monde rassurant de nos références, des histoires dans lesquelles on aimait tant se définir, ou dans lesquelles on sentait un cadre dans lequel se mouvoir confortablement. Là, sans plus de référentiel, il n’y a aucun mot, juste une expérience très vivante, sensorielle, instantanée, vibrante.
C’est cela !
Et c’est très joliment et finement transmis.