Le grand méchant foot

Le foot, c'est exactement la vie, c'est d'ailleurs à mon avis l'essence de son succès planétaire : quelque chose d'organique qui s'organise, se joue sans pensée, uniquement dans l'instant.

Le grand méchant foot

Le grand méchant foot 150 150 Christophe LE BEC

Alors que la Coupe du monde 2018 bat son plein en Russie, le foot génère autant de passion positive que négative à son sujet. Le foot, opium du peuple, sport joué par des débiles surpayés pour taper dans un ballon devant un parterre de débiles nationalistes, des hooligans avides de sang et de bière. Les footballeurs seraient une bande d’égocentriques vaniteux et assoiffés d’argent, prêts à vendre leur image et peut-être même leur mère au plus offrant. Le foot aurait donc tous les défauts.

Et bien, il me semble que comme tout jugement, il est entièrement vrai, et totalement faux. En même temps. En réalité, on voit exactement ce que l’on croit. Si vous croyez aux idées d’opposition, de haine, de tension, de guerre, de lutte, c’est exactement ce que vous verrez dans ce sport et vous serez évidemment d’accord avec la vision ci-dessus. Personnellement, je vois un match, le foot, les joueurs, l’argent en jeu sous une lumière totalement différente.

Le foot, c’est exactement la vie, c’est d’ailleurs à mon avis l’essence de son succès planétaire : quelque chose d’organique qui s’organise, se joue sans pensée, uniquement dans l’instant. Onze types ou plutôt 22 particules qui créent une pièce unique à jamais. Quarante-quatre jambes qui collaborent, même en s’opposant, et doivent passer au-dessus de leurs egos respectifs pour créer du jeu, et parfois aller droit au but. Petits, grands, agiles, brutes épaisses, toutes les qualités ont droit de citer, les artistes du ballons ultra techniques comme les joueurs parfois au talent très limité, mais à l’intelligence tactique élevée. Chacun peut exceller dans l’art du ballon rond. C’est ainsi que parfois, onze champions du monde qui ne parviennent pas à être « Un » sur le terrain se font sortir au premier tour par onze coréens déjà éliminés de la compétition avant le début du match, mais qui, totalement soudés pour jouer les uns avec les autres, terminent leur match hilares, heureux, en larmes, comme s’ils avaient gagnés la Coupe du monde. Heureux d’être unis, sans plus ressentir la moindre souffrance, uniquement une joie immense !

Et l’argent ? Elle est ici comme ailleurs, mais de façon exacerbée. Sa puissance modifie l’équité des compétitions dans le sens où les gros clubs asphyxient sportivement les petits qui ne peuvent conserver les joueurs qu’ils ont formé. Mais c’est la réalité, c’est ce qu’il se passe. Ne pas accepter la réalité, c’est dire « Non » à la vie, c’est vouloir que la réalité soit différente. Hors la réalité est toujours parfaite, puisque c’est ce qui est. Pour revenir à l’argent, je ne suis pas un gentil idéaliste. La présence de telles sommes d’argent a des effets. Ces effets ont des conséquences, et c’est parfait ainsi. La vie s’en fout (le foot s’en foot ! 🙂 ). C’est juste la vie. Le foot trouvera son chemin pour vivre sa vie au mieux en fonction du milieu dans lequel il évolue. Le bien et le mal n’ont rien avoir là-dedans. Et si le foot doit mourir, il mourra. Point. Ce n’est pas un problème en soi.

J’aime le foot, d’autres non, ce n’est pas un soucis. Qui peut être certain d’avoir absolument raison ? Personnellement, je ne veux surtout pas avoir raison, je sais que je ne sais pas, et cela me va très bien ainsi. Je dis, autant que possible et du mieux que je le peux, un grand « Oui ! » à la vie. Je participe au mouvement, je m’y abandonne pour être plus juste, vulnérable et incertain, comme les joueurs de cette immense partie de jeu qu’est la vie et je laisse cette dernière agir à travers moi. La vie est une simple partie de foot.

Et comme l’existence est parfaite pour chacun, si vous n’aimez pas ce sport, profitez de son omniprésence sur les ondes, les écrans et le web. C’est peut-être l’occasion de regarder ailleurs, de se concentrer sur des activités où le foot ne pointe pas ses crampons et sa furie en arrière plan, de partir en week-end, de se mettre en tennis, d’éteindre toute source sonore pour plonger dans un livre qui vous fait de l’œil depuis des mois. Tout est opportunité. Ce dont je fais l’expérience, c’est que résister à la réalité (le foot est partout pendant un mois) ne sert à rien. C’est notre résistance à ce qui est qui engendre le stress ou la frustration. Vive le foot (pour les uns) ! Footez-vous la paix (pour les autres) !

Christophe LE BEC

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