Être dans ses propres pas

Dès que la plante des pieds entre en contact avec le sable grossier du sentier qui mène à la plage, les pensées cessent en une fraction de seconde pour laisser la place au ressenti physique. Comment ne pas ressentir instantanément le lien qui nous relie à la terre ?

Être dans ses propres pas

Être dans ses propres pas 940 360 Christophe LE BEC

L’autre matin, il faisait tellement beau et chaud pour un mois d’avril, que j’ai enfilé mes sandalettes préférées pour ma promenade matinale jusqu’à la plage. Parvenu en vue de la mer, je les ai machinalement retirées avant d’emprunter le petit sentier qui mène à la plage…

Ressentir le contact de ses pieds sur la terre…

Dès que la plante des pieds entre en contact avec le sable grossier du sentier, les pensées cessent en une fraction de seconde pour laisser la place au ressenti physique. Le sable est encore un peu frais, il est grossier. Certains petits graviers viennent meurtrir les chaires. On sent le sable remplir des espaces oubliés entre les doigts de pieds alors qu’on avance doucement. Comment ne pas ressentir instantanément le lien qui nous relie à la terre ?

À l’entrée de la plage, une forme de paix semble soudain remplir mon cœur à mesure que mon regard embrasse le paysage face à moi. Je connais ce lieu par cœur, et pourtant il est chaque jour nouveau, neuf, à la fois tranquille et spectaculaire. Je respire profondément à plusieurs reprises, puis ma respiration semble s’ajuster d’elle-même, ralentir pour ce synchroniser à l’énergie de la nature. Le ciel est bleu, lumineux, une brise très légère permet de sentir l’air chaud caresser la peau de mon visage, de mes bras, des mes jambes, le sable blanc s’étend en arc de cercle de part et d’autre, comme deux grands bras accueillants. C’est marée basse et mon regard est attiré par la mer au loin. Elle est calme, d’un bleu-vert digne de destinations exotiques.

Un pas après l’autre, je suis…

Je descends lentement la pente douce de sable fin, mon quotidien, mes pensées reviennent par instants puis s’estompent à nouveau simplement en ressentant le contact du sable sous mes pieds. Mes pieds s’y enfonce dans un léger crissement de silice très agréable à mes oreilles. Un, deux, le rythme est lent, régulier, souple. C’est l’été qui est là. Je n’évite pas les quelques algues séchées qui se présentent. Elles craquent sous mes pieds, dégageant une odeur puissante et iodée qui s’engouffre dans mes narines et emplit jusqu’à mes sinus. Chaque pas me semble nouveau, chaque pas est une expérience sensorielle, et chaque pas occupe tout mon espace intérieur. Une pas après l’autre, dans une succession d’instants d’une fraîcheur inouïe.

Le sable s’affine à mesure que j’avance vers l’eau, il est dur et lisse comme un béton ciré. L’air se rafraîchit légèrement alors que le son des petites vagues se fait plus présent. Le sable devient plus luisant, je sens une humidité fraîche sous mes pieds, puis bientôt une pellicule d’eau apparaît, le son mat du sable a subrepticement laissé la place celui de l’eau qui gicle légèrement sous chaque pas qui claque sur le sable mouillé.

De l’air, à l’eau, à la terre…

Une vague vient mourir doucement devant moi comme une onde d’énergie salée qui me lèche les pieds ! L’eau est très fraîche. De fines bulles d’air se dissipent en une mousse aérienne au contact du sable et de mes pieds. La sensation de froid remonte jusqu’à mes mollets, mes doigts de pieds s’enfoncent doucement dans le sable alors que l’eau repart en arrière, comme aspirée par la mer. Je me sens drôlement relié tout à coup. Calme.

Il m’apparaît évident que dans l’instant la vie se vit sans autre considération que de goûter la puissance du moment, dans cette fraîcheur de l’instant. Percevoir que ce que je vois est un monde de sensations, de perceptions qui m’appartient, que tout cela me renvoie invariablement au plus profond de mon être ; il n’y a que cela qui soit vrai. Plus aucune peur, juste la certitude que la vie est le mouvement, et que je fais parti de ce mouvement, que je suis ce mouvement, et que la seule chose à faire est de ne pas lutter contre, mais de l’accompagner toujours, d’habiter totalement cette incertitude. Être présent à soi, quoi qu’il me soit donné de vivre, ici, relié au sol et l’esprit libre de Moi, comme je l’étais avec le sable, l’air et l’eau.

Christophe LE BEC

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